Et Maintenant Alexandre

2022

Et Maintenant, Alexandre est une proposition de Dodescaden.


De et avec Laurence Maillot, Nathalie Masseglia, Jeremy Demesmaeker, 

Regard extérieur : Olivier Debos.

Production : Mali Kadi – Cie Dodescaden

Co production : Système Castafiore, Le Pré des Arts (Valbonne), le Lavoir Théâtre (Menton), KLAP maison pour la danse.

Soutien tutelle : Ville de Marseille




Accueil résidence 

Pré des Arts – Valbonne, KLAP Maison pour la danse – Marseille, Système Castafiore - Grasse, Lavoir Théâtre – Menton, AMACCA de la Roya, Montévidéo –centre d’art- Marseille et en cours…



Résidences

13 - 18 Avril : Klap Maison pour la danse, annulé covid

17-23 août 21 : Pré des Arts Valbonne 

26 - 30 avril 2021 : Système Castafiore - Grasse

25 au 29 oct 2021: Théâtre du Lavoir – Menton : Résidence

14 au 18 Février 2022 Théâtre du Lavoir – Menton : Résidence

11 au 15 avril 2022 : Pré des Arts – Valbonne : Résidence

Mai 2022 : AMACCA de la Roya : Résidence

Juin 2022 : Montévideo – Centre d’art Marseille : Résidence

Juin 2022 : Théâtre du Lavoir – Menton : résidence

On a tous parlé d’un monde nouveau, du monde d’après, de ce qui est à reconstruire, de la remise en question, du fait de repartir mais avouons le, on ne sait pas trop comment. On n’est pas sorti de l’auberge, on ne sait pas ce que sera demain car on n’est pas encore sorti du bain. On voudrait faire comme si, mais on ne peut pas vraiment, car on a peur de ce demain imprévisible. On nous prépare à une apocalypse, à une dette incommensurable, à la montée des inégalités et des fascismes, à la montée des eaux, bref, on a pris conscience de notre mort, de la fin, et surtout de l’absurdité - futilité- fragilité de la vie révélant tout autant son importance, et là dedans, dans ce brouillard, tout le monde demande et cherche une solution, mais nous n’avons pas de solution. 
Nous savions déjà que l’incertitude constitue notre condition humaine, mais c’est sûr maintenant, on sait d’autant plus dans nos chairs que l’avenir nous est totalement inconnu et que nous ne pouvons plus nous réfugier dans le futur. 

Nous devons vivre et composer dans le temps présent sans projection du futur et bien ça, ce n’est pas facile !


L’improvisation et la figure du clown apparaissent alors comme une possibilité d’être au monde dans le temps présent car ils demandent de travailler notre porosité, notre fragilité, en prenant soin plutôt que de chercher un survivalisme individuel ! Prendre le temps de recevoir l’information, la traiter, et prendre une décision. C’est aller chercher dans ses propres failles, dans sa part intime. C’est inhiber ses réactions premières dans une combinaison de lâcher prise et de totale connexion, entre totale ivresse et extrême lucidité.

Il est ici question de temps présent.

Comment l'habiter ? Comment vivre avec la somme d'informations que nous recevons chaque jour ? Comment l’occuper maintenant que nous savons que l'avenir est imprévisible ?

Pour répondre à cette injonction et difficulté que nous avons de vivre au temps présent, nous proposons à travers cette performance chorégraphique que s'élabore avec les spectateurs une dramaturgie interrelationnelle qui cherche à instaurer une conspiration des imaginaires en activant nos réservoirs de perceptions incorporées dans nos mémoires.

Il s’agit donc de collecter dans l’instant de la représentation avec les spectateurs ce que nous appelons des "tranches de mémoire” pour composer une performance chorégraphique qui coïncide avec le temps présent. Il s’agit ainsi de tendre vers une forme de déconditionnement et de révéler par là les rapports de dominations.

Frayer dans le présent

Il y a quelque chose de vertigineux dans notre connexion permanente au monde d’autant plus marqué des deux dernières années. Nous sommes potentiellement au courant de tout et tout le temps. Toute information est traitée au même niveau : le petit chat mort côtoie la situation afghane ; nous faisons une actualité de tout et la dernière nouvelle écrase l’autre, qui pourtant semblait extrêmement importante jusque-là. Nous occupons ainsi pleinement le temps, nous le remplissons, nous le gavons comme on gave une oie. On le gave d’autant plus parce qu’on sait que tout est consigné, archivé, quelque part et qu’on pourra potentiellement y revenir, alors on se permet de zapper et de passer à autre chose car nous subissons trop souvent ce que certains appelle le syndrome FOMO (fear of missing out), cette “peur de rater quelque chose”, cet état qu’on retrouve dans nos connexions numériques sociales et financières.

Mais ça s’accumule.

Surinformation, sur connecté, surconsommation, surexploitation...

Temps présent et mémoire...

Selon des études neuro-scientifiques, on apprend que la construction de l’intelligence se produit en inhibant ses réactions premières car elle laisse ainsi place aux algorithmes de l’esprit critique et de la logique qui sont plus lents à réagir (1).

On sait aussi que pour prendre des décisions, réfléchir et agir, il faut faire un élagage des multitudes d’informations que nous percevons. Il nous faut donc traiter, trier et oublier un peu pour coïncider avec le présent (2).

La mémoire est un réservoir de perception. Les souvenirs, les apprentissages sont incorporés. Il y a une régulation du corps : une succession de régulations infra-conscientes (comme la digestion). Mémoire individuelle et collective sont liées par l’intersubjectivité et l’inter-corporéité.

Nous proposons par le geste improvisé, une réactualisation de ce réservoir de perception afin de frayer un chemin singulier et collectif à l’intérieur de notre performance. Chercher une forme de déconditionnement et rassembler les conditions d'un possible surgissement dans et faisant face au présent en puisant dans des bribes de mémoire collective collectées dans l’instant de la représentation.


(1) “Comment devient-on intelligent ? “France Culture, émission Sans oser le demander par Matthieu Garrigou-Lagrange

(2) “Nietzsche, toute action exige l’oubli”, France Culture, Les Chemins de la philosophie par Adèle Van Reeth et Géraldine Mosna-Savoye

L’improvisation comme attitude

Pour faire face à l’injonction du présent, nos outils d'exploration sont l'improvisation d'un coté et la figure du clown de l'autre, car ils cherchent chacun à la déconstruire et par cela dénoncer et révéler les rapports de dominations. Le clown et l’improvisation s'inscrivent par définition dans le présent ; l'avenir ici importe peu mais on se doit de trouver des solutions pour exister immédiatement avec l'émerveillement comme moteur de saisissement.

L’improvisation et la figure du clown apparaissent comme une possibilité d’être au monde dans le temps présent car ils demandent de travailler notre porosité, notre fragilité, en prenant soin plutôt que de chercher un survivalisme individuel !

Prendre le temps de recevoir l’information, la traiter, et prendre une décision.

C’est aller chercher dans ses propres failles, dans sa part intime.

C’est inhiber ses réactions premières dans une combinaison de lâcher prise et de totale connexion,

entre totale ivresse et extrême lucidité.

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