Espace frontière pour deux corps
2014
La pièce "Rues Intérieures" évoque un espace frontière, liminaire, d'entre deux, quelque part aux bans d'une ville, une zone tampon, un camp, un campement, une frontière, une rue, un hors lieux ou tous ces lieux de transition et d'attente en survie.
Dans un espace en transformation, en tension, chacun devient momentanément l’étranger, perd son statut d'homme social et devient anonyme, le temps y décélère...
On laisse place à un temps de l’errance où les individus ne sont plus que corps reliés par un même état précaire. Ces corps, Laurence Maillot & Jeremy Demesmaeker les engagent dans une danse de l’instabilité au vertige ; de tentatives de rencontre probablement impossibles. Dans un lent processus de déshumanisation, ils passent de statuts d’individus à des corps jetables.
Rues Intérieures est la première pièce chorégraphique issue la rencontre entre Laurence Maillot et Jeremy Demesmaeker qui fondent la compagnie Dodescaden comme espace de création chorégraphique contemporaine. Ils reçoivent le prix de la recherche aux Hivernales en 2013 à mi parcours de cette création. Ils profitent alors pour inviter d'autres artistes à collaborer pendant leur temps de création. Cette confrontation avec autant de regards critiques et extérieurs les amènent naturellement à préciser leurs modes de travail, de recherche et de création.
Rues Intérieures 20214
Rues intérieures 2014
Proposition, création et interprétation : Laurence Maillot & Jeremy Demesmaeker.
Regard extérieur : Michaël Allibert.
Artiste en collaboration : German Jauregui, Nathalie Masséglia, Jean Antoine Bigot, Julie Nadaud, Sandra Rivière.
Création sonore : Jeremy Demesmaeker
Programmation Pure Data : Jeremy Demesmaeker supervisé par Peter Sinclair
Regard et philosophe durant le temps de création : Mathias Youchenko,
Création lumière & régie : Clément Goguillot,
Création costumes : Sarah Veillon,
Chargée de production : Gwendoline Langlois,
Durée : 45 '
Création : KLAP – Maison pour la Danse – 22 mai 2014
PRIX DE LA RECHERCHE (Hiverôclites 2013 /CDC Hivernales) - Théâtre de l’L (Bruxelles) oct 2013
Production : Mali Kadi /Cie Dodescaden ;
Administration : Archipel Nouvelle Vague / Danielle Roussel
Soutiens : KLAP – Maison pour la Danse, l’Entre-Pont (Nice), le CDC Les Hivernales - Avignon, le CDC la Briqueterie – Val de Marne, le Théâtre de l’L (Bruxelles- prix de la Recherche - Hiverôclites 2013), la ZOUZE - Cie Christophe Haleb .
Le pièce dansée Rues Intérieures a reçu l'aide de la Région SUD (Carte blanche aux artistes - Danse recherche et création) de la Ville de Marseille (aide résidence et création), et du Ballet National de Marseille (aide accueil studio)
« Les danseurs, Laurence Maillot et Jeremy Demesmaeker, s’engagent dans une danse de l’état, radicale, où les corps désarmés par l’exclusion et la précarité, sont «contraints de trouver un équilibre dans une renégociation et une mendicité permanente de territoire». Un propos politique et urbain d’une réelle pertinence. » Delphine Michelangeli Mai 2014 – Zibeline
« L'intériorité de la rue, celle qui se livre lorsque l'on regarde par terre parce que l'on a faim, soif. Qui accouche d'un monceau de papier Une frénésie de papier à connaitre, Nu ou trop habillée, Pour se donner des nouveaux corps, de papier hurlant de papier bouillonnant. (On l'y hurle, on le statufie). Notre intériorité à la rue Celle d'une femme, comme étrangère à cette féminité de convention Mais, le même geste ensauvage. Vient l'impossible étreinte, toujours par le même refusée. Puis l'épuisement, la mort du plus entier. Le dépouillement opéré, Enfin, de nouveaux corps des rues, de papier hurlant, de papier bouillonnant. » Gaelle Lequeau, spectatrice
Un état précaire qui nous relie ?
Notre société subit chaque jour de nouveaux effondrements de ses croyances et de ses dogmes dans un monde de plus en plus précaire. Nous le subissons. Dans cette surinformation, de cette fuite en avant du toujours plus, nous sommes laissés sur un terrain glissant et instable où l’adaptation et l’ajustement sont de rigueur. Le temps passe, les cloisons du monde se resserrent et nous poussent à trouver une place coûte que coûte.
Nous ne formons plus une société, mais une chaine où chacun relègue l’Autre à la périphérie. Nous stigmatisons pour nous rassurer, alors que la violence et la précarité se naturalisent plus qu’elles ne se banalisent.
Notre champ de réalité se resserre, se sclérose et se ghettoïse. De ce fait, nous subissons quelque chose de l’ordre d’une lente déshumanisation. D’individus à part entière, nous sommes petit à petit transformés en des corps fonctionnels, des corps objets et tentons, comme nous le pouvons, de trouver un chemin dans nos Rues intérieures.
Jeremy Demesmaeker - 2014
d'une recherche 2012-2013 à une création en mai 2014...
Cette création s'est construite en plusieurs étapes où on a tenté un certain nombre de choses : différents modes de représentation : en frontal, à 360°, bi-frontal, avec de la musique ou sans musique pour ne garder que du larsen en temps réel ; on a écrit et déstructuré des danses, on les a dansé proprement - doucement, violemment, salement, avec les journaux sans les journaux, sur les journaux, dans les journaux.... Chacune de ces expériences venait préciser notre propos, notre sujet, mais aussi et surtout nos convictions chorégraphiques, de représentation et de création.
Chacune de ces étapes ont fait l'objet de temps de résidence, d'écrit, de recherches documentaires, de trouvailles que nous avons en partie consignée dans une page consacrée.
Comme on a gardé ce processus de travail sur les créations suivantes, on a une rubrique dédiée qu'on appelle de façon un peu présomptueuse "recherche"
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